Jochen Rindt, le champion d’outre-tombe.
Jochen Rindt, Champion du monde de Formule 1 en 1970, n’a jamais été sacré de son vivant. Qui était Rindt ?
Jochen Rindt est un pilote né a Mayence en Allemagne, en 1942, et naturalisé Autrichien. Il a Il a commencé sa carrière de course en karting à l’âge de 19 ans et a rapidement gravi les échelons pour arriver en Formule 1 en 1964. Rindt a connu une carrière réussie en Formule 1, remportant six Grands Prix (les saisons étaient alors composées de 13 grands prix.) et terminant deuxième du championnat à deux reprises. Il était connu pour son style de pilotage agressif et son sens de lecture de la course.
Très vite intégré dans le paddock aux cotés des champions, Rindt était dans son élément. Le pilote, était autant réputé pour son sens de l’humour et sa camaraderie sans failles, que pour son agressivité en piste. L’autrichien, alors souvent accompagné de son ami de toujours, Helmut Marko. Les deux hommes, iront même jusqu’à s’engager aux 24 heures du mans ensemble, édition qui sera remportée par Ferrari avec Rindt au volant.
En Formule 1, Jochen n’a pas commencé du bon pied. Passé d’écurie en écuries, de Brabham à Copper l’autrichien n’est pas au volant de grosses voitures, et ne parvient pas à briller, malgré les quelques bons résultats de temps à autres, comme notamment la troisième place à SPA en 1968. A la fin de la saison, Rindt décide de partir chez Lotus dans l’espoir d’enfin performer.
Lotus : Le succès, et le revers de la médaille.
Prenant la place de Jim Clark, pilote star décédé la saison précédente, Rindt prends ses marques dans l’écurie Britannique. Souvent comparé à son prédécesseur l’autrichien de 27 ans ne se laisse pas impressionner. Dès la première course le paddock le sait, c’est Rindt qui est le favori. Avec une voiture très performante, seul Jackie Stewart est en mesure d’arrêter l’autrichien, qui se conforte sur la grille comme le pilote le plus rapide et performant du plateau.
Au volant d’un monstre de puissance de 410 chevaux pour un peu plus de 500 kilos, Rindt n’a qu’un seul obstacle ; la fiabilité de son bolide. Voiture performante mais fragile, les bons résultats de Rindt n’ont d’égal que ses nombreuses casses, qui le contraignent à l’abandon. A plusieurs fois, Rindt manqua de se blesser grièvement, ou de perdre la vie, notamment lors du grand prix d’Espagne 1969, où il manque de se tuer, faute de son aileron arrière.
Souvent en conflit à ce sujet avec le patron de Lotus, Colin Chapman, Rindt décide tout de même de rester un an de plus chez l’équipe Anglaise. Cette année là, le succès frappe à la porte. Vainqueur pour la première fois de sa carrière dans la principauté de Monaco, l’autrichien ne cesse d’enchainer les victoires. Jochen Rindt remporta lors de la saison 4 victoires consécutives, ce qui était alors, un exploit.
Alors que la fin de saison approchait à grands pas, Rindt doute de plus en plus, très affecté par les récents décès de ses amis Bruce McLaren & Pierre Raymond Courage. L’autrichien n’a plus confiance en son équipe, et doute de la sécurité de sa voiture. Lui et sa femme, Nina Rindt, confrontent encore Colin Chapman à ce sujet, mais encore sans succès. Nina & Jochen se promettent alors qu’a la fin de la saison, Jochen quittera définitivement la F1, son trophée de champion sous le bras.
Lotus rêve de victoire, et perd son plus grand atout.
Nous sommes désormais à l’aube du Grand Prix de Monza, en Italie. Il reste 4 courses avant de finir la saison, et Lotus se fait rattraper dans les points par la Scuderia Ferrari, de plus en plus performants. Jacky Ickx & Clay Regazzioni étaient ainsi devenus des obstacles, entre Rindt, et la victoire mondiale. Soucieux de remporter le titre, Chapman propose a l’équipe une nouvelle mise à jour de la voiture, supprimant les flaps avant et l’aileron arrière, pour maximiser les vitesses en ligne droite. Cette modification permet de gagner en vitesse, mais sacrifie l’appui, pourtant essentiel.
Rindt prends donc la piste au volant de sa monoplace, dénuée d’aileron. C’est alors, que pendant la session d’essai libres, la Lotus de Rindt perd l’appui, et glisse très violemment en direction de la gauche, droit sur le rail de sécurité de la Parabolica (rebaptisée depuis, Curva Alboreto). La voiture, viendra violement percuter le mur, et entamera une floppée de têtes à queues incontrôlables, et sera freinée dans son élan par le bac de sable, à proximité. La voiture est retrouvée complètement arrachée, et l’avant-train disloqué. Jochen est extirpé de sa voiture inanimé, grièvement blessé au cou, et à la gorge. Plusieurs heures plus tard, le pronostic est sans appel, Jochen Rindt, est mort.
Même si la cause de l’accident n’a jamais été réellement cerné, et que la piste de la défaillance des freins est la plus envisagée, il va sans dire que Lotus, dans sa quête de victoire, a franchi la limite de risques, exposant leurs pilotes à un danger mortel.
L’héritage Rindt.
La mort de Rindt a été un choc pour le monde de la Formule 1. Il était l’un des pilotes les plus populaires et les plus prometteurs de la grille. Sa mort dramatique, rappela à tous qu’à chaque tournant, à la sortie de chaque chicane, la mort peut surgir. Pilotes et spectateurs, tous se rappelleront de Rindt, comme le malheureux qui ne sera couronné champion qu’après sa mort.
Rindt est aujourd’hui entré au panthéon des légendes de la Formule 1. Inhumé aux côtés de Jim Clark, Bruce McLaren, ou encore bien d’autres, il sera considéré comme l’un des meilleurs pilotes de Formule 1 de son époque. Sa mort, elle, restera pour toujours et à jamais un souvenir douloureux pour le monde de la course automobile.
Sa veuve, elle, s’en alla en fin de saison, dans le fief de la FIA à l’hôtel de Crillon, à Paris. Accompagné de Jackie Stewart, désormais triple champion et autre légende de la Formule 1, elle viendra chercher le mythique trophée des pilotes, qui revenait alors de droit à son défunt mari. Ce trophée avait un gout amer : Le gout d’une victoire fantôme, le goût d’un rêve qu’un homme ne verra jamais aboutir. Nina Rindt ne verra jamais son rêve aboutir : elle qui rêvait de son mari quittant la Formule 1, pour vivre leur vie ensemble, à jamais.
Jochen Rindt, restera à jamais gravé dans l’histoire de la F1, comme le champion fantôme. une couronne, sans son roi.