Le sport automobile est traditionnellement masculin. Ce n’est pas un reproche, ni une excuse, c’est un fait. Cependant, au fil des années, les femmes ont réussi à s’imposer dans presque toutes les catégories. Des figures comme Michèle Mouton, Jamie Chadwick ou encore l’équipe féminine Iron Dames prouvent que les femmes ont toute leur place dans ce milieu ultra-compétitif. Pourtant, des barrières subsistent, non seulement dans l’accès à ces catégories, mais surtout dans le sexisme constant du public, comme l’ont montré les commentaires choquants lors de la course ELMS des 4h du Mugello.
Le 29 septembre 2024, à 11h30, Hugo Philip donne le départ des 4h de Mugello. Lors de la deuxième partie de la course, un incident impliquant les Iron Dames a déclenché une vague de commentaires dans le chat du live de la course, révélant un problème de fond. Si vous étiez sur le live Youtube, vous avez pu observer ce genre de sexisme banalisé parmi les réactions du public :
- « What I said! They can’t drive » (“Qu’est-ce que je vous disais! Elles ne peuvent pas conduire”)
- « women… » (“les femmes...”)
- “Ban for womens in mens sport! xD” (“Il faut bannir les femmes des sports pour hommes! xD”)
- “Iron Dames terrorism again?” (“Encore le terrorisme Iron Dames?”)
- “Dames have OP car so they can easily racing with men. and wtf they doing. » (“Les Iron Dames ont une voiture surpuissante pour qu’elles puissent se battre plus facilement contre les hommes. Et qu’est-ce qu’elles font?…”)
- « IRON DAMES BACK TO KITCHEN BAN » (“Les Iron Dames condamné à retourner à la cuisine”)
Ces exemples ne sont malheureusement pas isolés. Ils reflètent une hostilité omniprésente à l’égard des femmes qui osent s’imposer dans un domaine traditionnellement réservé aux hommes. Il est frappant et choquant que des incidents de course soient interprétés différemment selon le sexe du pilote. Un pilote masculin n’aurait probablement eu que des simples critiques pour cette erreur. Une équipe féminine, elle, est obligée de subir un florilège de remarques sexistes sur sa légitimité.
Les Iron Dames ne sont pas les seules à faire face à ce genre de réactions. La lutte pour la reconnaissance des femmes dans le sport automobile est constante, et les initiatives pour promouvoir la diversité, bien que nombreuses, ne suffisent pas encore à éradiquer les préjugés profondément enracinés. De plus en plus de femmes parviennent pourtant à se hisser dans les catégories les plus prestigieuses du sport automobile. On compte aujourd’hui des femmes pilotes dans presque toutes les disciplines, et les efforts pour encourager la formation de futures championnes se multiplient, avec des programmes de soutien, des écoles de pilotage et des opportunités de sponsoring.
Pourtant, il suffit de regarder de près les réactions sur les réseaux sociaux et dans les forums pour comprendre que la culture misogyne persiste, même au plus haut niveau. On ne juge pas les femmes seulement sur leur performance, mais aussi sur leur simple présence sur la grille. Cette attitude est un reflet d’une problématique plus large : celle du manque d’inclusion dans des environnements compétitifs traditionnellement masculins.
Comment inverser la tendance ?
Pour que les femmes puissent pleinement s’épanouir dans le sport automobile, il ne suffit pas de créer des opportunités. Il est crucial de changer la culture de ce sport en luttant contre les stéréotypes et en valorisant la diversité. Des figures emblématiques comme Susie Wolff, ancienne pilote d’essai en Formule 1 et directrice du programme de la F1 Academy, ou des équipes comme les Iron Dames, montrent la voie. Mais elles ne peuvent pas mener ce combat seules. (Article sur la F1 Academy à retrouver ICI)
Les femmes pilotes ne demandent pas de traitement de faveur, simplement d’être jugées à la hauteur de leurs compétences. Cependant, pour que cela soit possible, il est nécessaire de changer la culture qui entoure ce sport. Le sexisme ne se manifeste pas seulement lors des courses. Les structures mêmes du sport intègrent ce phénomène, comme en témoignent divers articles traitant du sexisme dans les catégories majeures. Les préjugés affectent non seulement la perception du public mais aussi les opportunités professionnelles.
Le changement passe par l’éducation des fans et des acteurs du sport. Les plateformes médiatiques doivent jouer un rôle clé dans la sensibilisation, en mettant en avant les succès des femmes pilotes sans les limiter à leur genre, mais en les célébrant pour leurs compétences. Il faut aussi encourager une modération plus stricte sur les espaces en ligne, où les commentaires sexistes, comme ceux vus lors du live des 4h du Mugello, ne devraient plus avoir leur place.
Des plateformes telles que Females in Motorsport ou la campagne Girls On Track, se battent contre le sexisme et visent à sensibiliser le public et à encourager plus de femmes à entrer dans le monde du sport automobile. Ces initiatives mettent en lumière les pilotes, ingénieures et autres professionnelles du secteur, tout en dénonçant les pratiques discriminatoires. L’objectif est de créer un environnement où les femmes peuvent évoluer sans être constamment rabaissées à cause de leur genre .
La question n’est plus de savoir si les femmes peuvent réussir dans ce domaine ; elles l’ont déjà historiquement prouvé. Les Iron Dames et toutes les autres femmes qui se battent chaque jour pour leurs places en compétition ne devraient plus avoir à faire face à du sexisme et des critiques basées sur leur genre. Il est temps que le sport automobile devienne un espace où la compétence, et non le sexe, soit le seul critère de jugement.