La saison débute avec le Grand Prix d’Australie 2025 à Melbourne qui a lancé le championnat sur des bases aussi spectaculaires qu’imprévisibles. Pluie, crashs, stratégies audacieuses (ou ratées) : le circuit d’Albert Park a offert un week-end surprenant. Certains en sont sortis grandis, d’autres avec le sentiment d’avoir tout perdu dès le départ. On fait le point sur les tops et flops du Grand Prix d’Australie.
Top 1 – Antonelli, le rookie qui démarre sur les chapeaux de roues
Il ne lui aura pas fallu longtemps pour faire tourner les têtes. Pour son tout premier Grand Prix de Formule 1, Kimi Antonelli a non seulement terminé dans les points, mais il a signé une remontée spectaculaire depuis la 16e place sur la grille de départ jusqu’à la 4e place, aux portes de podium, à l’arrivée. Un exploit déjà impressionnant en soi qui aurait pu l’être un peu moins, une pénalité de 5 secondes lui avait été donnée pour un “unsafe release” l’avait relégué au 5e rang, avant que les commissaires ne reviennent sur leur décision, rétablissant sa P4.

Antonelli a montré une capacité rare chez un débutant : celle de garder son calme dans une course aussi chaotique que piégeuse. Malgré les averses, les relances et les multiples safety car, rien ne l’a déstabilisé. Mercedes semble avoir vu juste en pariant sur lui cette saison, malgré les nombreux doutes dû à son manque d’expérience, son adaptation express laisse entrevoir un gros potentiel, et un podium cette saison semble clairement atteignable pour le jeune italien.
Top 2 – Alex Albon et Williams, le pari (presque) parfait
C’est l’histoire d’un pilote sous-estimé et d’une équipe que beaucoup voyaient encore à la traîne : Alex Albon et Williams ont frappé fort à Melbourne en signant une magnifique 5e place. Plus qu’un bon résultat, c’est un message envoyé au paddock. Williams a progressé, et son pilote thaïlandais, souvent éclipsé depuis l’annonce de l’arrivée de Carlos Sainz, est prêt à capitaliser sur chaque opportunité.

Ce résultat est d’autant plus savoureux que l’espagnol, avant la saison, avait publiquement exprimé son doute sur la capacité de l’écurie britannique d’atteindre le top 5. Ironie du sort, après son crash lors du premier tour de course, c’est lui qui a contribué à affiner la stratégie d’Albon à distance, notamment en relayant des informations utiles sur le timing des arrêts. En embuscade au bon moment, il aurait même pu finir 4e si la pénalité d’Antonelli avait été maintenue. Quoi qu’il en soit, cette P5 donne un bel élan à Williams dès l’ouverture du championnat.
Top 3 – McLaren, un ton au-dessus
Il n’y a pas photo : McLaren a affiché à Melbourne un niveau de performance clairement supérieur auquel la plupart des spectateurs s’attendaient. En qualifications comme en course, la monoplace papaye a dominé le plateau, et sans quelques erreurs isolées, un doublé semblait presque assuré. Lando Norris a remporté la course avec autorité, malgré la pression de Verstappen en fin de course, tandis qu’Oscar Piastri, héros local, en course pour être le premier australien sur le podium à domicile, voire même pour la victoire, a tout perdu en partant à la faute.
La force de McLaren réside autant dans sa vitesse pure que dans sa capacité à rester compétitive dans des conditions difficiles. Sous la pluie, leur point faible l’année dernière, l’équipe a su s’adapter et maintenir un rythme supérieur à la concurrence, preuve d’une voiture bien née et d’une équipe au point. Malgré les regrets de Piastri, l’impression laissée est claire : McLaren aborde cette saison comme la référence du plateau.

Top 4 – Max Verstappen, toujours dans le match
Moins domintrice qu’en 2023 et 2024, Red Bull semble devoir jouer un peu plus en retrait cette année… sauf que Max Verstappen, lui, n’a pas changé. Le quadruple champion du monde en titre a maximisé son potentiel tout le week-end, avec une P3 en qualifications à 3 dixièmes des McLaren, et une 2e position finale qui aurait pu se transformer en victoire dans les derniers tours.
Son rythme en course a été bluffant, particulièrement dans les derniers tours où il a réduit l’écart avec Norris à moins de 3 dixièmes à certains moments. Sans la sortie de piste de Piastri, il aurait sans doute dû se contenter de la 3e marche du podium. Mais Verstappen a, comme souvent, profité des opportunités et prouvé, comme l’année dernière, que même sans la meilleure voiture, il reste un candidat naturel à la victoire. Pendant que son coéquipier Lawson échouait dès la Q1, Max portait Red Bull à bout de bras.
Flop 1 – Les rookies (et quelques vétérans), casse en série
Le Grand Prix d’Australie 2025 restera aussi dans les mémoires comme une véritable hécatombe. Quatre des six rookies sur la grille – Hadjar, Doohan, Bortoleto, Lawson – ont terminé leur course prématurément. Hadjar n’a même pas pris le départ en se crashant pendant le tour de formation, provoquant un report du départ de la course de 15 minutes. Doohan et Sainz ont abandonné dans le premier tour, et Alonso a tiré un trait sur sa course au 34e tour.

La fin de course a été tout aussi agitée : Lawson est parti à la faute au 45e tour, Bortoleto l’a imitée deux tours plus tard. Le tout a déclenché une succession de safety cars qui ont bouleversé les stratégies. Si les conditions étaient difficiles, cette cascade de sorties soulève aussi des questions sur le niveau de préparation et de gestion du stress chez les nouveaux venus.
Flop 2 – Oscar Piastri, une sortie qui fait mal
Il avait tout pour briller à domicile. Qualifié en bonne position, rapide dès les premiers tours, Oscar Piastri avait un podium (voire plus) à portée de main. Mais dans une phase trouble sous la pluie, il est sorti de piste, imitant, ou suivant, son coéquipier Norris, également en difficulté à ce moment-là, mais qui a réussi à garder sa voiture en piste. Malgré une belle remontée jusqu’à la 9e place, le résultat est loin des attentes, surtout devant son public.
La déception est d’autant plus grande que McLaren avait les armes pour signer un doublé, et que Piastri avait le rythme pour devenir le premier australien à monter sur un podium à domicile. À lui de transformer cette frustration en motivation pour les prochaines courses.
Flop 3 – Ferrari, les mêmes erreurs, encore
Nouvelle saison, mêmes travers ? Pour Ferrari, ce premier Grand Prix a des allures de déjà-vu. Charles Leclerc (P8) et Lewis Hamilton (P10) repartent avec quelques points (moins que Sauber), et une frustration évidente. Malgré un bon départ de Leclerc, rapidement monté 5e depuis sa P8 sur la grille, les deux pilotes n’ont jamais semblé en mesure de se battre pour mieux. La faute à une stratégie calamiteuse, qui nous rappelle le Canada l’année dernière, alors que la safety car provoquée par les sorties de Lawson et Bortoleto est déployée, l’équipe a choisi de ne pas chausser les pneus intermédiaires quand il le fallait.

Résultat : un rythme en berne, une perte de positions, un spin de Leclerc et une fois de plus, l’impression que Ferrari ne sait pas gérer une course sous la pluie. Les progrès attendus pendant l’hiver ne se sont pas matérialisés sur la piste, et l’écart avec McLaren est flagrant. Il faudra vite réagir ou espérer que les difficultés soient spécifiques au circuit pour éviter que cette saison ne tourne au calvaire.
Flop 4 – Yuki Tsunoda, victime d’un pari raté
Longtemps bien positionné dans le top 6, Yuki Tsunoda semblait bien parti pour ouvrir sa saison avec des points solides. Mais c’était sans compter sur une décision stratégique catastrophique de son équipe lors de la dernière safety car. Racing Bulls a choisi de le faire rentrer au stand pour un changement de pneus… au pire moment possible. Résultat : il chute à la 12e place et sort des points.
Un scénario cruel pour le pilote qui avait jusque-là parfaitement géré la course, avec de bons relais et une gestion intelligente du trafic. Cette erreur d’équipe risque de peser lourd pour la saison, car aucun point n’a été marqué avec Hadjar qui n’a même pas pris le départ.
Flop 5 – Les français, inexistants à Melbourne
Pour les pilotes tricolores, ce premier Grand Prix de la saison s’est révélé particulièrement amer. Isack Hadjar, pour son tout premier départ en Formule 1 avec Racing Bulls, n’a même pas eu l’occasion de voir l’extinction des feux : un crash dans le tour de formation, causé par une perte d’adhérence brutale sous la pluie, a envoyé sa monoplace dans le mur. « Je suis gêné et désolé pour l’équipe », a-t-il confié à Canal+, visiblement abattu après cette erreur. Un début cruel pour le rookie, réconforté par Anthony Hamilton, père de Lewis Hamilton alors qu’il rentrait dans son motorhome. Il devra rapidement rebondir mentalement pour faire oublier cette entrée en matière ratée.

Esteban Ocon, de son côté, a connu un week-end difficile avec Haas. En difficulté dès les essais, hors du rythme en qualifications, le normand a bouclé la course dans l’anonymat, sans jamais être en mesure de se battre pour les points. « Ce n’est pas normal d’avoir un week-end comme ça », a-t-il lâché après l’arrivée, pointant du doigt un manque de performance chronique de sa monoplace et une copie à revoir dans tous les domaines.
Quant à Pierre Gasly, seul des trois à vraiment exister dans le peloton, il n’a pas été en mesure de concrétiser un bon samedi. Qualifié dans le top 10, il a terminé 11e, à la porte des points, victime d’une stratégie Alpine inefficace sous les multiples relances de la course. Sobre mais insuffisant, son Grand Prix illustre bien les limites actuelles de l’écurie française, toujours en quête de rythme et de constance. Pour les trois Français, cette entame 2025 est à ranger dans la catégorie des occasions manquées.
Laisser un commentaire