Le Grand Prix de Belgique a connu un dénouement inattendu. George Russell, premier à franchir la ligne d’arrivée, a été disqualifié pour une voiture sous le poids minimal. Lewis Hamilton récupère ainsi la victoire, propulsant Charles Leclerc sur le podium, alors que Verstappen a couru son grand prix dans l’ombre. Une course marquée par des stratégies audacieuses, des remontées spectaculaires et des rebondissements jusqu’au bout.
Qualifications :
Encore une fois à Spa, ce n’est pas le plus rapide des qualifications qui partira en pole. Déjà lors des deux années précédentes, Max Verstappen a établi le meilleur temps des séances qualificatives, cependant, il a à nouveau choisi le grand prix de Belgique pour essuyer un pénalité lié à un changement de composants sur la voiture. Cette année, pour avoir changé de bloc-moteur, le champion du monde en titre devra partir de la 11ème position dû à ses 10 places de pénalité, ce qui permet au deuxième pilote le plus rapide des qualifications, de se hisser à la pole position, ici, c’est le cas pour Charles Leclerc qui avait établi son meilleur tour à six dixièmes du pilote Red Bull.
« C’est comme l’an dernier, je me retrouve en pole. Mais je ne m’y attendais pas. On a pu obtenir un résultat au-delà de nos attentes, mais on doit se concentrer sur la course, et ce qu’il va se passer sans la pluie. Je pense que sans la pluie, on aurait été en lice pour la 5e place, donc je ne me plains pas. Je suis quand même heureux de mon tour en Q3, c’est agréable d’être de retour à la première place sur la grille. On doit confirmer en course. Ce n’est pas le meilleur circuit où être en pole, avec ce premier tour. Je verrai ce que j’ai de mieux à faire en sortant de l’Eau Rouge. » – Charles Leclerc (Ferrari – 1er sur la grille)
Il s’agit de la 24ème pole position du pilote monégasque, la troisième sur ce circuit, et sa deuxième de l’année après celle qu’il avait signée à domicile et qui lui avait permis de remporter le grand prix. Cependant il sera plus difficile ici de conserver cette première place au départ. En effet derrière lui s’élancera Sergio Perez, qui assure une position en première ligne, sa dernière remontant au grand prix de Chine 2024, le 21 avril dernier. Le mexicain porte donc sur ses épaules une nouvelle pression de partir en trêve estivale en finissant avec un résultat plus satisfaisant que ceux des derniers week-end, qui éveillent les spéculations quant à sa place chez Red Bull.
« C’était très compliqué dans ces conditions, c’est très facile de sortir de la piste. Il faut sortir sur la piste au bon moment, mais on a réussi à bien s’en sortir. […] Je vais essayer de bien faire pendant la course, qui devrait se dérouler sur une piste sèche. Chaque week-end est une opportunité de faire mieux, je vais viser la victoire demain (dimanche). C’est une course longue, la dégradation sera difficile à gérer, il y a quelques inconnues. Mais on est en bonne position. » – Sergio Perez (Red Bull – 2e sur la grille)
En deuxième ligne pourra derrière eux se montrer menaçante, avec Lewis Hamilton, dont la Mercedes a déjà remporté deux des trois derniers grand prix, et Lando Norris, dont la Mclaren est considérée comme la meilleure voiture du plateau actuellement. La troisième ligne est elle composée d’Oscar Piastri, l’autre pilote Mclaren, qui a remporté son premier grand prix le week-end dernier en Hongrie, et George Russell, qui trois grand prix plus tôt, passait la ligne en premier, en Autriche.
Un peu plus bas, à la neuvième position, après l’application de la pénalité de Verstappen, Esteban Ocon est la seule Alpine à être passé en Q3. Le français qui vient d’officialiser sa signature chez Haas pour l’année prochaine, ne se laisse pas désarmer et continue de performer pour l’écurie d’Enstone. Son coéquipier Pierre Gasly n’a lui pas réussi à sortir de la Q2, et a effectué le 12ème temps, ce qui le fera partir juste derrière la Red Bull du pilote hollandais pénalisé.
Avec cette position hors du top 10, Max Verstappen est donc en mission pour remonter dans le classement, ce qu’il avait aisément réussi à faire lors des deux éditions précédentes. Cependant cette année, la domination Red Bull est beaucoup moins présente, avec 7 vainqueurs de grand prix différents et une avance de “seulement” 78 points pour le leader du championnat pilote sur le deuxième, Lando Norris, là ou Red Bull n’en possède que 42 sur Mclaren. La tâche sera donc plus complexe pour Max Verstappen qui n’a plus gagné depuis le grand prix d’Espagne, il y a plus d’un mois.
« C’était une belle qualification. […] Demain (dimanche) ce sera différent, il fera plus chaud, il faudra gérer la dégradation des pneus, à nous de bien le faire. Je ne sais pas à quel point nous serons rapides dans le peloton. Ça peut toujours être le chaos au premier virage, on verra ce qui se passera ensuite. […] C’est une bonne journée, mais il faudra être aussi rapide sur une piste sèche. J’espère pouvoir me battre avec les Mercedes et les Ferrari, et, si on a de la chance, avec les McLaren. » – Max Verstappen (Red Bull – 11e sur la grille)
Course principale :
À l’issue des 44 tours de course, c’est George Russell qui franchit la ligne d’arrivée en première position. Cependant, après quelques heures, la victoire est léguée à son coéquipier Hamilton, qui avait terminé le grand prix en deuxième position, et Russell est disqualifié. Comment en est-on arrivé là ?
Course Principale (avant disqualification) :
Russell, plutôt bien parti, propose à son écurie, peu après la mi-course, d’envisager une stratégie à un seul arrêt. Ce n’est pas la première fois qu’il propose ce plan lors d’un grand prix, mais cette fois, son ingénieur lui communique l’accord de l’écurie. Le pari est plutôt osé, seuls trois autres pilotes l’ont effectuée, les deux Aston Martin de Stroll et Alonso, ainsi que Logan Sargeant, mais le pilote Mercedes a parfaitement maîtrisé la dégradation de ses pneus et a réussi à résister jusqu’au dernier tour à son coéquipier.
Désormais surnommé “l’homme qui chuchotait à ses pneumatiques”, il réussit l’exploit de faire tenir ses pneumatiques dures pendant 34 tours, ce qui lui permet de terminer la course en première position pour la troisième fois de sa carrière, et la deuxième de l’année. Il est alors le seul pilote, hors Verstappen à avoir remporté plus d’un grand prix cette année.
Hamilton lui n’était pas loin derrière, lors des 3 derniers tours, il est resté collé dans l’aileron arrière de son coéquipier, sans réussir à le passer sans les lignes droites. Le pilote britannique, qui à déjà remporté un grand prix cette année à Silverstone après deux ans et demi en retrait, avait bien débuté sa course, son parfait envol lui permettant de prendre la deuxième position à Perez dès le premier virage, puis de dépasser Charles Leclerc pour la tête de la course dans le troisième tour.
Derrière lui, Norris a eu plus de difficultés, se retrouvant enfermés dans le peloton, tout comme Verstappen, laissant suffisamment d’air au pilote Mercedes pour s’envoler en tête. Mais l’écurie allemande à souhaiter couvrir la stratégie de Leclerc et Ferrari, condamnant les chances du pilote britannique, alors que son coéquipier choisissait une stratégie différente. La firme à l’étoile a, par la suite, confirmé son doublé, laissant les deux pilotes se battre, avec pour seule consigne de rester prudent et de se laisser de la place, il est alors hors de question de laisser passer ce doublé à cause d’une collision.
Derrière eux, Piastri espérait probablement ce scénario, ou au moins pouvoir dépasser une des Mercedes, ce qu’il n’était pas loin de faire dans les derniers tours, terminant à six dixièmes de la voiture d’Hamilton. Plusieurs secondes derrières, en quatrième position, le poleman Charles Leclerc, à quelque peu limité la casse avec un voiture en difficulté depuis le grand prix du Canada. En fin de course, il a tout de même réussi à tenir tête à Verstappen et Norris qui se montraient menaçant, mais pas assez pour faire craquer le pilote Ferrari.
Verstappen a donc réussi sa remonté, mais pas au niveau qu’il le souhaitait, terminant 5ème alors qu’il espérait se battre pour un podium. La concurrence n’a fait que progresser cette année, ce qui ne permet plus au pilote triple champion du monde de réaliser les exploits des années précédentes. Il quitte donc la Belgique en n’ayant marqué que deux points de plus que le deuxième au championnat, Lando Norris.
Du côté de nos français, Ocon termine la course dixième, et récolte donc le dernier point distribué, le quatrième de l’année pour lui. Aux classement pilote, il remonte donc à la 18ème place, à égalité avec Albon. Pour ce qui est de Pierre Gasly, aucun point marqué pour le normand qui termine 14ème. Alpine conserve sa 8ème position au championnat constructeurs, mais toujours 17 points derrière Haas.
« C’est une course complètement décevante. On perd 7 dixièmes à chaque tour dans toutes les lignes droites. […] Il y a beaucoup trop d’erreurs, malheureusement, sur les trois derniers week-ends, c’est un peu le résultat de chaque course. […] C’était un début de saison très, très compliqué, on marque une dizaine de points en tant qu’équipe (10), et il va falloir faire beaucoup mieux sur la deuxième moitié de la saison. […] Il y a beaucoup de choses à améliorer, et il va falloir qu’on discute tous ensemble et qu’on règle très rapidement ces problèmes. » – Pierre Gasly (Alpine, 14e, au micro de Canal+)
« Je pense qu’on avait une bonne vitesse et c’est le point positif de la journée. […] Forcément, on est un peu déçus de ne marquer qu’1 point. […] On va se rappeler du positif, qu’on avait une bonne vitesse, mais c’est dommage de ne pas maximiser un bon résultat. Il n’y aura pas encore de vacances pour nous, avec deux jours de tests mardi et mercredi. On va avoir encore un peu de travail avant de se reposer, de se repréparer pour la deuxième partie de la saison. […] Il faut se rappeler qu’on était en dernière ligne à Bahreïn (lors de l’ouverture de la saison). » – Esteban Ocon (Alpine, 10e, au micro de Canal+)
Disqualification :
Dimanche, peu avant 19h, coup de tonnerre pour Russell. Sa voiture a été pesée en dessous du poids minimal, fixé à 798 kg, après l’arrivée, en effet, sa Mercedes ne pesait 796,5 kg après que l’essence restante ait été extraite. Le dossier a donc par la suite été transmis aux commissaires qui jugeront de la disqualification ou non du britannique. Après un temps d’attente qui a dû sembler interminable pour le principal concerné, les commissaires ont rendu leur décision et ont jugé que la voiture était trop légère, résultant en une disqualification du vainqueur.
Le victoire revient alors à Lewis Hamilton, qui était deuxième et permet à Charles Leclerc de monter sur le podium alors que Piastri monte d’un rang. Russell n’aura donc eu que quelques heures pour profiter de sa victoire qui avait pourtant réussi son pari stratégique avec un seul arrêt au stand. L’écurie a reconnu une erreur mais est toujours à la recherche du problème qui a coûté la victoire à son pilote.
« Heartbreaking… We came in 1.5kg underweight and have been disqualified from the race. We left it all on the track today and I take pride in crossing the line first. There will be more to come.🏆💙 » – George Russell on his social media
Cette disqualification n’a pas de conséquences que pour le podium, mais aussi pour le top 10. Ocon remonte donc à la 9ème place, et récupère deux points, ce qui le fait passer 17ème au championnat pilote, devant Albon, et à égalité avec Magnussen.
Lewis Hamilton est donc le pilote qui quitte Spa avec une nouvelle victoire, désormais le seul à avoir remporté plus d’un grand prix avec Max Verstappen après son succès à Silverstone. Il s’agit de sa 105ème victoire, inscrivant encore un peu plus son nom dans l’histoire du sport, non pas qu’il en ai vraiment besoin.