F1 : Le drame écarlate

Le drame écarlate

Depuis le début de la saison, la tant attendue Scuderia Ferrari enchaîne les erreurs stratégiques. Que se passe-t-il dans les coulisses du cheval cabré, et qui sont les responsables de ces problèmes ?

La F1-75, monstre de puissance, signé Ferrari

Entre problèmes mécaniques et autres soucis de stratégie, la Scuderia Ferrari, pourtant bien partie au début de saison, enchaîne les erreurs, et problèmes succincts. Les fans les plus acharnés de l’équipe pouvaient à nouveau espérer voir leur équipe en tête de peloton. C’était sans compter sur l’équipe de gestion de l’écurie de Maranello, qui n’était, elle, pas prête à se battre au plus haut niveau de la compétition. Depuis Kimi Raikkonen en 2007 & le titre constructeur en 2008, l’équipe de tête a énormément changé. Là où l’équipe de Stefano Domenicali a fait ses preuves, les équipes choisies par le nouveau boss, Mattia Binotto, n’ont pas pu prouver leur valeur au fil des années. Et tandis que 2020 annonçait la bérézina, avec l’horrible SF-1000, l’une des pires voitures jamais conçue par la marque au cheval cabré, 2022 annonçait la rédemption de Ferrari, notamment grâce à la machine de guerre conçue par les ingénieurs italiens, la F1-75. Passons en revue certains des problèmes qui ont couté le titre à Ferrari.

Les erreurs stratégiques qui font pleurer les Tifosis

Ici, Mattia Binotto, chef d’équipe de la Scuderia [Gauche] Et John Elkann, PDG de Ferrari. [Droite]

Comment parler des erreurs de Ferrari sans parler du fiasco absolu qu’est Monaco 2022 ? Le jeune et talentueux Charles Leclerc arrive enfin à construire un week-end solide sur ses terres natales, en chapardant au passage la pole position à son rival Max Verstappen. Le Dimanche, après un départ retardé, les monoplaces s’élancent, et les deux voitures rouges écarlates monopolisent la première ligne de la grille de départ de la principauté. Avec une voiture supérieure, et un tracé qui ne permet pas les dépassements, la première victoire à la maison pour Leclerc semblait toute tracée. Les tours passent, la piste fraîchement humide s’assèche, et il est temps pour les têtes pensantes du cheval noir d’engager leur stratégie de passage aux stands pour leur deux engins de course. Iñaki Rueda, responsable de la stratégie de Ferrari décide de ne pas prendre le pari de chausser des pneus tendres, et demande au pilote monégasque de rentrer pour enfiler des pneus de la gamme des intermédiaires. Mauvais call, puisque plus tard, ses rivaux de chez RedBull choisiront des pneus tendres, et prendront les commandes du grand prix de Monaco. De mal en pis, le mur des stands de chez Ferrari demanderont à Leclerc de rentrer au stand deux tours plus tard, pour changer de pneus. Le pilote francophone sera bloqué dans les stands par son coéquipier, appelé en même temps, et perdra ainsi sa place sur la plus haute marche du podium en principauté. Dépité par l’issue dramatique de la course, le numéro 16 de Ferrari a rétorqué dans les médias :

Dégouté, j’ai fait ce qu’il fallait depuis le début de la course. […] Il faut pas que ça arrive [les erreurs] trop souvent dans une année, parce qu’aujourd’hui, on avait tout pour gagner, et on a foutu le grand prix à la poubelle. Ça fait mal, surtout à la maison […] On ne peut pas se permettre de faire des courses comme celle-là.

Charles Leclerc, Pilote Monégasque chez la Scuderia Ferrari, après le Grand Prix de Monaco.
Charles Leclerc, le malheureux de Monaco, à bord de la F1-75 signée Ferrari.

Ce ne sera malheureusement pas la seule fois que la stratégie des pneumatiques est remise en cause chez les rouges. Nous sommes samedi à Budapest en Hongrie. Georges Russell décroche une pole position fulgurante, et Carlos Sainz lui emboîte le pas, suivi de Charles Leclerc. Max Verstappen a lui, raté sa qualification, et démarre à la 10ème position. Les feux s’éteignent, les Ferrari se battent avec la Mercedes, et Max Verstappen remonte à un rythme fulgurant sur les leaders. Leclerc, maintenant en deuxième position, voit le lion néerlandais se rapprocher à une vitesse fulgurante. Ses stratèges, soucieux de donner la victoire à leur pilote, tentent de décaler la stratégie d’arrêt au stands, et font donc rentrer Leclerc prématurément. Sans se soucier du fait que Alonso, 3 tours plus tôt choisisse des pneus Hard sans succès, les têtes pensantes font le choix d’envoyer leur pilote avec des pneus de la gamme Hard, et, catastrophe. Les pneus peinent à fonctionner, le pilote numéro 16 se retrouve ralenti face à des rivaux surpuissants. Finalement, les deux pilotes en combinaisons rouges finissent respectivement 4ème et 6ème. Encore une déception.

Je n’ai pas d’explications pour l’instant. Je ne sais pas trop quoi dire, il va falloir qu’on regarde en détail. […] On était plutôt rapides sur les pneus médium, ils étaient en bon état, mais on a décidé de couvrir la stratégie de Max avec des Hard, alors qu’il était en médiums. C’était un carnage. On s’est arrêtés 5 ou 6 tours après, sur les softs. […] C’était la bonne stratégie au début, mais nous avons foiré. Je ne comprends pas. […] On regarde course par course, mais très honnêtement, au bout d’un moment, on peut pas espérer gagner le championnat en faisant des courses comme ça. Je sais pas trop quoi dire, j’espère que la deuxième partie de la saison nous sourira un peu plus, mais nous, il faut que l’on s’améliore.

Charles Leclerc, dur envers son équipe, et incertain pour la suite de sa saison.

Quand les têtes ne pensent plus, les mains se trompent aussi.

Charles Leclerc croît-il toujours au projet sportif de son équipe ?

A Zandvoort, aux Pays Bas, c’est une nouvelle déception pour les fans en rouge. Un perfect pour Max Verstappen, qui, après avoir décroché la pole position, décroche la victoire à la maison. Ferrari, à la poursuite du champion en titre, commet une autre erreur fatale, qui va ruiner une nouvelle fois la course. Mais cette fois, pas de stratégie foireuse, l’erreur vient du pitcrew. Carlos Sainz est appelé aux stands, et s’arrête. En une fraction de secondes, les pneus sont changés, et le numéro 55 espagnol embraye, prêt à redémarrer. Dans ses rétroviseurs, il observe les ingénieurs s’affoler, autour du pneu arrière droit. Après 12 secondes d’immobilisation, le feu vert s’allume et Carlos repart. Les ingénieurs de Ferrari avaient oublié de préparer la quatrième roue du carrosse de l’espagnol, lui faisant perdre sa place, et ces précieux points.

Aujourd’hui on a eu une course très difficile, et les choses ne sont pas allées dans notre sens. Il va falloir retravailler nos stratégies.

Carlos Sainz, désabusé par son équipe.
Ferrari, ou le fiasco rouge.

Alors que tout le monde s’interroge sur ce qu’il se passe en interne chez Ferrari, et que beaucoup de fans, notamment dans la sphère F1 Twitter remettent en cause l’équipe de gestion de l’écurie italienne, Mattia Binotto se refuse à expliquer à la presse et aux fans d’où vient le problème, et comment le régler.

Avant toute chose, je pense qu’il y a toujours la possibilité de s’améliorer, on ne peut pas être parfaits, et on ne le sera jamais. Je ne doute pas de la nécessité de toujours progresser, nous devons nous améliorer sur l’aérodynamique, le châssis, le groupe propulseur, la stratégie et tous les aspects qui peuvent l’être. […] je pense que nous avons une très bonne équipe qui s’occupe de la stratégie et je ne pense pas que ce soit l’un de nos points faibles. Des courses comme Monaco, Silverstone ou le Paul-Ricard ont été jugées problématiques dans ce domaine, mais je ne vois pas le groupe comme un problème, car je pense que nous avons également pris de bonnes décisions cette année.

Mattia Binotto, Chef d’équipe de Ferrari, dans le déni concernant ses équipes de gestion.

2022, un coup dans l’eau pour la Scuderia ?

Mattia Binotto, aux côtés de Carlos Sainz et Charles Leclerc

2022, une année qui partait si bien, a très vite été sabordée et gâchée par l’équipe de Ferrari. Là où les pilotes rouges essayent de sauver les meubles, les équipes de tête font chaque semaine de pire en pire, à tel point qu’ils sont sont devenus la risée du paddock. Pour 2023, Ferrari n’a que deux solutions ; soit John Eklann et Mattia Binotto choisissent d’agir, et d’avancer pour ne pas reproduire les erreurs de 2022, soit les leaders de la Scuderia restent dans le déni total de la situation, et dans ce cas là, Max Verstappen aura l’opportunité de chercher un troisième titre mondial. Dans les deux cas l’ambiance à Maranello s’annonce explosive cet hiver.

Charles Leclerc, devant la maison Ferrari a Maranello

Cette saison une grande voiture a été faite, ce qui signifie que l’équipe travaille. Il manque encore l’excellence. Et lorsque l’excellence échoue, c’est qu’il y a quelque chose à changer. Ferrari avait la meilleure voiture à un moment de l’année, mais a perdu trop d’opportunités, en raison de problèmes. Il s’agissait de plusieurs épisodes qui mis ensemble avaient un prix : Ferrari doit travailler là-dessus, sans rien prendre pour acquis.

Jean Todt, Ex-Patron de Ferrari, architecte des 5 titres de Michael Schumacher.

Merci a Arthur H. Juliette S. & Dounia pour la relecture & correction ! :]

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